La vie d’expatriés vue par 4 amis

4drapeauxL’année 2013 m’a permis de faire la connaissance d’une joyeuse bande d’expatriés, 4 français, qui se sont rencontrés dans une société (Valéo pour ne pas la nommer) en Suède juste avant le passage à l’an 2000.

Depuis, leurs chemins se sont éloignés et actuellement, au moment où je vous écris, ils habitent dans 4 pays différents : la Suède, les États-Unis, l’Inde et la Tunisie. Mais cela ne va pas durer, l’année 2014 devrait de nouveau être signe de changement pour certains  d’entre eux. Pour moi qui habite Paris depuis 15 ans, vous pouvez comprendre que le fossé est grand entre nos modes de vie. Et pourtant, ces 4 garçons (dans le vent ?) m’ont intriguée, intéressée, interrogée.
Alors, une fois n’est pas coutume,  voici les questions qui me titillaient depuis leur rencontre et voici les réponses qu’ils m’ont fournies, avec une grande sincérité et une facilité déconcertante. Je les en remercie vivement, et même si notre amitié est nouvelle (et plutôt virtuelle, vu les kms qui nous séparent), sachez que vous faites partie de ma vie.

1: Depuis quand as-tu eu envie de voyager pour travailler ? Est ce un rêve de jeunesse ou une opportunité à saisir ?
G (Tunisie) : Depuis mes années à l’université où je voyais les étudiants étranger. Il y a aussi eu ma lecture du roman du même nom. Sauf que pour étudier, ce fut financièrement impossible.

A (Suède) : En école d’ingénieur on se prépare à travailler à l’étranger. C’est une réalité du métier, à fortiori dans l’automobile (ça c’est une moitié de rêve d’enfance). Ça plus une année d’échange Erasmus concluante.

B (États-Unis): je n’avais pas trop l’idée d’aller à l’étranger. Mais je rêvais des usa, plus pour les vacances. L’anglais me paraissait comme un point de blocage.

S (Inde): Depuis longtemps, ma mère est étrangère, mon père a travaillé quelques mois au Japon, Brésil.

Mon avis : Et bien, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a 4 parcours différents dès l’origine.

2: Pourquoi la Suède en premier lieu ?

G (Tunisie) : La Suède faisait partie de mon top 3 avec le Canada et l’Australie.

A (Suède) : Parce que j’y avais fait mon année d’échange et que je m’étais plu. Parce que je voulais faire un CSNE plutôt que de ramper bêtement dans les bois (le service était encore obligatoire) et que la Scandinavie était à l’époque très peu demandée (la peur des ours polaires probablement), donc plus de chance de trouver un poste (US c’était plein à 200%, Australie très peu de postes et beaucoup de demandes, GB et Allemagne c’est pas l’étranger si tu peux rentrer tous les WE). Parce que le sujet proposé collait pile poil à ma formation (j’avais aussi un poste dans les boîtes de conserve au Danemark).

B (États-Unis) : J’étais stagiaire chez Valéo et des gars partaient en CSNE et donc pourquoi pas moi. Le sud pas mon truc, le nord oui. Il y avait une opportunité en Suède.

S (Inde) : J’ai toujours voulu savoir si j’étais plutôt suédois ou plutôt français avec ma double nationalité. Je passais tous les étés là bas, et ai fait des petits stages.

Mon avis : 2/4 à vouloir vraiment partir là-bas, et ce sont les 2 autres qui sont finalement le plus ancrés en Suède (sans faire de potins, B. est marié à une Suédoise).

3: Qu’est ce qui te plait le plus dans ton statut d’expatrié ?

G (Tunisie) : Allez à la rencontre de gens et de culture et de paysages différent.

A (Suède) : Marier les cultures.

B (États-Unis) : Voir du pays. J’adore faire ma valise et être en transit à New York, Mexico ou Paris.

S (Inde) : Les gens que je rencontre. Avec les différentes cultures, le cœur reste le même. (C’est beau…) J’en apprends beaucoup sur moi.

Mon avis : finalement, être expatrié, c’est comme nous quand on fait du tourisme, c’est sympa (second degré, je plaisante, les copains). S. est un grand poète.

4: Quel est l’aspect négatif ?

G (Tunisie) : La perte de contact avec la famille.

A (Suède) : La perte de contact avec la famille.

B (États-Unis)  : Mes parents et famille sont loin mais avec internet ça le fait. Je ne vois pas vieillir mes gens. Pareil pour eux quand ils me voient. Facebook aide à garder le contact.

S (Inde) : Loin de la famille, surtout que nous n’avons pas de pied à terre en France.

Moi : Ils sont enfin d’accord, et je pense qu’effectivement, ça me ferait du mal d’être loin de ma famille (même si je ne les vois pas très souvent).  Ils ne parlent pas des amis, étrange (mais ils s’en font de nouveau au fur et à mesure de leur périple, ceci expliquant surement cela).

5 : Comptes tu te réinstaller en France un jour ?

G  (Tunisie) : A la retraite dans ma région.

A (Suède) : Peut-être, mais je ne sais ni quand ni où.

B (États-Unis) : Je ne sais pas.

S (Inde) : Oui. Mais je pense toujours travailler avec l’étranger.

Mon avis : Bon, ce n’est pas gagné pour que je les rencontre en France. Vive Facebook !

6 : Est ce une évidence pour ta femme également ? A t elle toujours le même point de vue que toi ? T’as t elle encouragé ?

G (Tunisie) : Oui, même objectif de départ.

B (États-Unis) : Ma femme aime voyager donc ça va.

S (Inde) : Encouragé oui mais c’est plus difficile pour elle.

Mon avis : J’ai toujours pensé qu’il fallait être tous les 2 d’accord pour partir dans cette aventure. Ils me le confirment.

7 : Vous ne vous êtes jamais inquiété pour vos enfants ? Sur leur bien être, leur besoin d’ancrage ?

G (Tunisie): Non, ils sont plus flexibles que nous en bas âge. Mes filles ne sont pas nées en France. Elles s’ancrent par les personnes et non les lieux.

B (États-Unis) : Pas du tout. Les enfants s’adaptent. Il y a pire comme situation.

S (Inde) : Non ils s’adaptent, mais parfois des inquiétudes avec le système de santé (en Inde…)

Mon avis : Maman poule, j’ai vraiment beaucoup de mal à m’imaginer dans cette situation.

8 : Quel est le pays où tu aimerais aller ?

G (Tunisie) : Australie. Canada. Argentine. Asie hors Chine ou Inde.

A (Suède) : US. Australie. Espace.

B (États-Unis) : Je suis bien aux USA. Après des opportunités peuvent venir…

S (Inde) : Argentine, Brésil

Mon avis : Apparemment, ils vont avoir du mal à se retrouver. Et A. compte peut être aller dans l’espace (pourquoi pas ?) . Moi, ça me plait, je continuerai à voyager à travers eux (avec de superbes photos, comme celles des voyages de B. à San Francisco, en Louisiane, …)

9 : En quoi la France peut-t-elle te manquer ?

G (Tunisie) : la distance avec la famille et la gastronomie.

A (Suède) : Comme G.  Plus les balades dans nos jolies régions.

B (États-Unis) : Le parc des princes ou j’étais abonné.

S (Inde) : La nourriture, la culture

Mon avis : La gastronomie française reste le fer de lance. Quand à B., sa réponse ne me surprend guère (tiens, et si je disais du mal de Zlatan sur ce blog ? )

10 : Quel point de vue as tu sur la France actuellement ?

G (Tunisie): la France ne fait pas rêver. Elle se vide. Peu de perspective.

A (Suède) : Mauvais. Tout le monde crie mais personne ne se parle.

B (États-Unis) : Sarko, Hollande les gens votent et n’acceptent pas les réformes des gens qu’ils ont élu. On n’avance pas. Beaucoup d’auto bashing en ce moment. Triste.

S (Inde) : Les hommes politiques n’ont pas le courage de faire les vraies réformes, les français (nous) ne sommes pas prêts à sacrifier nos intérêts personnels pour le bien commun. Je ne comprendrai jamais qu’on propose un budget déficitaire chaque année. On perd aussi ce qui fait la force de la France, un système éducatif équitable.

Mon avis : Aie, Aie, aie, la France est mal vue. En lisant leur commentaires, je me suis sentie assez déprimée (et l’impression de me faire descendre avec elle). Je suis cependant assez d’accord avec eux, sauf sur un point : Il faut l’aider à la redresser, pas juste le constater. Soyons positif, arrêtons de regarder si le voisin a plus ou moins de privilèges que nous.

11 : Vous êtes à des postes très élevés actuellement. Est ce parce que la valeur française est reconnue ou est ce l’accumulation des postes à l’étranger qui vous ont aidé à grimper dans la hiérarchie ? (Ou c’est juste que vous êtes exceptionnellement excellent ?)

G (Tunisie) : c’est du boulot, de l’engagement et aussi avoir été bien guidé par de bons chefs.

A (Suède) : Le travail. Enfin j’aime à croire que c’est le travail. Et que je suis exceptionnellement excellent. Un peu.

B (États-Unis) : Je pense que la France donne une bonne éducation et que nous avons été capable de nous adapter dans une entreprise française a l’étranger. C est pas rose tous les jours, il ne faut pas croire.

S (Inde) : Je garderai une certaine humilité, j’ai travaillé en Suède en tant qu’ingénieur process, pris des risques pour avoir certaines responsabilités. Tout peut s’écrouler très rapidement. J’ai eu la chance de recevoir une bonne formation et d’avoir des chefs qui m’ont bien guidé. Dans mon boulot je peux aussi me retrouver en prison en cas d’accident, de déviation à la législation…

Mon avis : Le travail, toujours le travail. Ce sont de gros travailleurs, et ils ont obtenu le poste qu’il méritait. Bravo à eux, et je suis fière de les connaitre.

12 : Un mot supplémentaire ?

G (Tunisie) : Les voyages forment la jeunesse.

A (Suède) : Euh, c’est les petits ruisseaux qui font les grandes rivières?

B (États-Unis) : Je suis très français surtout depuis que j’en suis parti.

S (Inde) : Je suis tombé lors de mes derniers voyages en France sur des personnes qui m’ont reproché d’abandonner mon pays et d’aider « l’ennemi ». Certaines dérives m’inquiètent vraiment.

Mon avis : Merci encore à vous 4 pour ces réponses. Et puis cette discussion initiée sur Facebook (car c’est ce qui nous lie) vous a amené à faire une réunion d’anciens combattants à distance (avec toutes vos « private » anecdotes), j’ai adoré çà.

Voilà, j’espère que ce questions/réponses sur la vie d’expatriés vous aura intéressés. Je ne m’interdis pas d’interroger d’autres amis sur d’autres thèmes dans les prochains mois car la vie de mes amis m’intéresse.

D’ici là, Voyagez !

2 réflexions sur « La vie d’expatriés vue par 4 amis »

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